France Digeste

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Conversations francophones dans un espace inclusif et modéré.

Comme c/france mais avec zéro tolérance pour les réacs : exclusion permanente immédiate.

Les règles sont simples :

  1. Pas de violence systémique (racisme, sexisme, etc.)
  2. Pas de propos dégradants
  3. Participez avec sincérité (trolls = dehors)
  4. Pas de contenus indigestes (murs de paie, murs de texte sans résumé, memes bas effort)

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Mur de paie, par respect pour le travail de journalisme de Mediapart je ne partage pas l'article entier.

Voici des extraits du résumé fourni par Mediapart :

  • Des tractations ont eu lieu entre le RN et Richard Ferrand avant le vote qui a permis à ce dernier d’accéder à la présidence du Conseil constitutionnel.

  • Ils sont sur la même ligne : non au « gouvernement des juges ». Une vieille antienne de l’extrême droite alors qu’en démocratie, les magistrat·es ne font qu’appliquer la loi votée par les parlementaires.

  • L’enjeu ? Marine Le Pen connaîtra le 31 mars le jugement la concernant de l’affaire dite des assistants du parti. Les procureurs ont réclamé cinq ans de prison dont trois avec sursis. Mais aussi qu’elle soit immédiatement déclarée inéligible.

Des accusations graves, mais ça ne devrait plus surprendre grand monde de voir la macronie et le RN négocier et bosser ensemble, ça devient habituel.

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Pas de gros travail de journalisme dans cet article, mais c'est intéressant de voir que le président du COR ne respecte pas son devoir de réserve et défend la retraite à 64 ans, comme si le retour était "impossible".

Binet lui répond ceci :

Pour la secrétaire générale de la CGT, de nombreux leviers, autres que l’âge de départ, existent pour absorber ce déficit. Parmi eux, l’égalité salariale. «Si on payait les femmes autant que les hommes, cela résoudrait le déficit de nos régimes de retraite. Plus de salaire pour les femmes égal plus de cotisations pour les retraites, c'est mécanique», explique Sophie Binet. Pour revenir à 62 ans, les dix milliards d’euros nécessaires peuvent aussi être trouvés en taxant les dividendes, indique-t-elle. Pour la CGT, une politique fiscale plus efficace permettrait même de revenir à la retraite à 60 ans.

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C'est posté sur X donc je copie colle ici pour les gens qui ne veulent pas Xer (à juste titre)

Lien : https://x.com/jmaphatie/status/1898662726764749292

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Je ne reviendrai pas à RTL. C’est ma décision. Voici pourquoi.

Il y a quinze jours, mes propos sur la colonisation algérienne ont créé le débat. La direction de la radio m’a dit avoir enregistré de nombreuses protestations de la part des auditeurs. Pour faire droit à l’émotion suscitée, il m’a été demandé de ne pas me présenter la semaine suivante, en m’indiquant que je serai le bienvenu, ensuite, pour continuer à défendre mes points de vue sur l’antenne.

J’ai compris et admis la démarche des dirigeants de RTL. Je l’ai trouvé équilibrée et respectueuse à mon égard. Et puis, le jour de suspension est arrivé. C’était mercredi dernier. À partir de là, concrètement confronté à ce qu’il faut bien appeler une punition, ma perception de la situation s’est modifiée.

Même décidée dans le cadre d’un dialogue serein et compréhensif, une punition reste une punition. Si je reviens sur l’antenne de RTL, je la valide, donc je reconnais avoir fait une faute. C’est un pas que je ne peux pas franchir.

J’attache un prix particulier à la question de la présence française en Algérie entre 1830 et 1962. Je ne suis pas concerné personnellement. Ni mon père, ni mes oncles, ni d’autres membres de ma famille n’ont participé à la guerre d’Algérie. Je n’ai pas non plus de connexions ou de liens avec des Français rapatriés de ce pays. J’ai découvert cette histoire de manière banale. Je me suis intéressé, voilà déjà longtemps, aux conditions du retour au pouvoir du général de Gaulle, en mai 1958. La question du maintien de l’Algérie dans la France était au cœur de la crise politique. Je me suis alors demandé ce qu’était cette situation, quelle était la nature de la présence française et aussi celle de la cohabitation des communautés sur ce territoire.

Ce que j’ai lu dans les livres écrits par des historiens méticuleux m’a horrifié. Les massacres de musulmans se sont succédés tout au long des 132 ans d’occupation. Un statut dit d’indigénat, appliqué à partir de 1881, a privé les premiers occupants de l’espace de tous droits et leur a imposé des servitudes archaïques et injustes. Chassés des terres les plus riches, ils ont végété dans l’extrême pauvreté. La scolarisation des enfants a été parcimonieuse. Tout ceci dresse un tableau indigne de la France au regard des valeurs d’humanité qui font sa réputation dans le monde.

J’ai vécu comme une injustice maintenue l’absence de reconnaissance officielle par le colonisateur des traitements dégradants infligés à cette population. Les propos que je tiens sur ce sujet depuis des années sont liés à ce sentiment. Pour cette raison, et pour cette raison seulement, je ne peux pas accepter d’être puni pour les avoir répétés.

Je regrette la situation qui s’est créée. J’ai passé de belles années professionnelles à RTL. C’est une radio que j’aime. Mais c’est ainsi.

Une précision pour terminer, parce que j’ai vu à l’œuvre durant ces derniers jours ces faux nationalistes qu’effarouchent les vérités de l’histoire. Le pouvoir algérien d’aujourd’hui est une dictature. Il l’est depuis 1962. Le peuple algérien mérite, comme tous les peuples, la liberté et la justice. Il en est, hélas, privé depuis trop longtemps. Par ailleurs, je m’associe, comme je l’ai fait depuis le début, aux demandes de libération de Boualem Sansal, injustement emprisonné à Alger.

Un jour, c’est mon espoir, la France, mon pays, conviendra de sa part d’inhumanité dans l’histoire.

Etonnant, non ?

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Article par Iris K. Vaughan (en Français)

« Un chapitre de mon essai autobiographique sur la pop culture et la manière dont elle m'a construite blah. J'y aborde la figure de la ManicPixieDreamGirl, avec un focus sur Elizabethtown et Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Et moi. »

Définition Wikipédia de MPDG :

La Manic Pixie Dream Girl (MPDG) est un personnage type de certains films représentant une femme idéale, fantaisiste et délurée, sans personnalité propre. La Manic Pixie Dream Girl n'est qu'un dispositif narratif visant à faciliter l'évolution psychologique du personnage principal (souvent son intérêt amoureux).

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publication croisée depuis : https://jlai.lu/post/15926658

Sur cette page du site Mediapart vous pourrez trouver certains contenus en accès libre, un podcast, et surtout une FAQ librement consultable pour éclairer les enjeux et les zones d'ombres de l'affaire.

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publication croisée depuis : https://jlai.lu/post/15872230

Rencontre débat à 19h30 à l'Alumette avec un couple de camarades qui ont été poursuivis par le préfet pour leur lutte aux côtés des sans papiers.

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Le Parisien a la "gentillesse" d'inclure la vidéo d'Apathie pour les gens qui voudraient s'éduquer sur les exactions coloniales françaises en Algérie.

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Bayrou béat face aux dérives des Béatitudes

Le Canard Enchainé - 26 février 2025

Choisi par Jupiter comme nouveau Premier ministre, François Bayrou est convaincu depuis toujours d'avoir été désigné par Dieu pour devenir président de la République. « Un illuminé », ainsi que l'avait baptisé Simone Veil dans ses Mémoires (« Une vie», Stock, 2007). Avant d'espérer atteindre le paradis élyséen, l'élu devra passer à confesse. Depuis que l'affaire Notre-Dame de Bétharram a éclaté, il répète qu'il n'a rien su, rien vu, rien entendu des monstruosités qui se tramaient derrière les hauts murs de l'établissement scolaire où une partie de sa progéniture — il a six mômes — était scolarisée et où son épouse faisait office de « maman caté ». Comme « Le Canard » l’a découvert, le maire de Pau a eu la même attitude vis-à-vis d'une autre institution religieuse locale, qu'il fréquente depuis près de quarante ans: la « maison » des Béatitudes de Nay.

La famille Bayrou habite à 10 minutes du monastère Saint-Dominique, squatté avec l'onction épiscopale depuis le milieu des années 70 par une communauté de religieux et de laïcs. Aujourd'hui, une petite trentaine de personnes y vivent, imitant les « premières communautés chrétiennes ».

« François et Babeth » ont fréquenté les offices dominicaux très réguliérement. Une de leurs filles au moins a participé à des « sessions ados » organisées par les charismatiques. Les gamins qui séjournaient à Nay étaient souvent scolarisés à Bétharram. Fromage et dessert. Outre celle de Nay, les « Béat' » possèdent une bonne vingtaine de « maisons » où se pratiquent des « séances d'aide psychospirituelle » et des « séances de guérison ». Suffisant pour mettre en alerte la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, qui a reçu maintes témoignages de familles d'adeptes faisant état d'« emprise psychologique ». Même le Vatican a fini par se méfier! Gérard Croissant, le fondateur de la communauté — qui se faisait appeler « frère Ephraïm » —, s'est fait virer de son poste de diacre en 2007 pour « pratiques contraires à son ministère ». Ce qui ne l'a pas empêché de continuer de répandre la bonne parole partout dans le monde et de se constituer, comme l'avait révélé le Volatile (10/1/07), un joli magot grâce à l'argent de ses ouailles.

"Maisons" hantées

Si « Ephraïm + n'a pas eu à répondre à la Justice des hommes, certains de ses « lieutenants » ont été moins chanceux. L'un d'eux a été condamné le 1er décembre 2011 par le tribunal correctionnel de Rodez à cinq ans de prison pour avoir agressé sexuellement des dizaines d'enfants. Deux autres prêtres, résidant à l'abbaye d'Autrey, dans les Vosges, sont également soupçonnés « d'emprise et d'abus sexuels » sur mineurs (« La Croix l'Hebdo », 14/1/3231). Et Dieu, dans tout ça ? Comme à Bétharram, Bayrou « n'a jamais rien vu ». 24 novembre 2011, l'actuel Premier ministre expliquait à « VSD »: « Ce sont des gens infiniment respectables. Je les estime. Cela fait trente-cinq ans que les vois vivre dans mon village. » Et, dans un documentaire consacré aux Béatitudes diffusé sur Canal+ le 14 novembre de la même année, il ajoutait: « Si j'avais vu la moindre chose, j'aurais avisé les autorités. Je déteste l'esprit sectaire. » En visite à Nay à la fin des années 90, Croissant-Ephraïm le gourou aurait recommandé à ses adeptes de faire ami-ami avec l'élu béarnais avant de leur prédire: « Bayrou sera président de la République. » Une vue de l'esprit?

D. H.

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Témoignages de 2011 sur la communauté des Béatitudes

Je rajoute à la suite de cet article une archive d'un autre article, paru dans Les Inrockuptibles en 2011, avec différents témoignages de ce qui se passe dans cette "communauté" (Avertissement de contenu: violences psychologiques et agressions sexuelles) : https://www.ccmm.asso.fr/les-beatitudes-dans-l-8217-enfer-d-8217-une-communaute-religieuse/

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Contenu de la vidéo

Sur la vidéo courte et musicale issue d'un réseau social, on peut voir en plan fixe des personnels d'hôpitaux, des infirmier⋅es ou des employé⋅es de la restauration qui posent devant l'objectif, avant que la plupart ne sortent du champs pour illustrer le vide qui résulterait dans ces secteurs suite à un blocage de l'immigration.

Conversation

Plusieurs commentaires suivent cette vidéo Allemande repostée par un compte francophone :

​ Le premier signale que:

« C'est pareil en France »

Il est suivi d'un second commentaire qui va un peu plus loin dans la réflexion sur le sujet :

« Le message touche mais il ne faut pas tomber dans le piège: si il est important que les immigré·es puissent avoir une vie digne ce n'est pas parce qu'iels sont utiles mais parce que ce sont des êtres humains comme les autres. Ce genre de vidéos peut justifier une politique tout aussi raciste de "on vous donne un titre de séjour si vous travaillez" »

À quoi quelqu'un d'autre répond :

« Oui, c'est correct. Mais pour le context: La vidéo était une réponse au candidat à la chancellerie Merz, qui demandait quasiment en une phrase que l'Allemagne doit verrouiller ses frontières et que l'économie doit être renforcée par une main-d'œuvre qualifiée. Ces professionnels n'existent tout simplement pas parmi les Allemands. »

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[MEDIAPART] ÉLYSÉE ET GOUVERNEMENT ANALYSE

Slalomer pour durer : la stratégie casse-cou de François Bayrou

Sorti du bourbier budgétaire, toujours en poste malgré six motions de censure, le premier ministre se prend à rêver de stabilité. Pour cela, il suit un triple objectif : figer le temps politique, neutraliser le PS en attendant son congrès et obtenir la bienveillance du RN. Au risque d’ancrer définitivement dans le pays les mots et les obsessions de l’extrême droite.

llyes Ramdani - 23 février 2025 à 16h22


A la tribune de l’Assemblée nationale, François Bayrou commence son discours avec un petit sourire en coin. Le premier ministre semble plutôt fier de ce qu’il prépare : trente-sept minutes d’une charge violente contre le Parti socialiste (PS), accusé d’avoir déposé une motion de censure « à faux », « à blanc », « pour faire semblant », mercredi 19 février. « Vous aurez les sarcasmes et vous aurez le ridicule », promet-il au groupe socialiste. Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, tente de le couper : « Vous allez le regretter ! »

La réponse fuse, goguenarde : « Ne menacez pas, monsieur Faure, je viens à vous. » Humilié, le groupe PS quitte l’hémicycle en cours de discours. Dans les travées, une question parcourt les rares présents : à quoi joue François Bayrou ? Même l’orateur du groupe macroniste, Stéphane Vojetta, assume de « s’écarter de son discours pour s'adresser » directement au chef du gouvernement : « Je vous l'avoue, je n'ai pas compris vos saillies à l'encontre d’un parti [...] qui a accepté de saisir votre main tendue. »

La volte-face a effectivement de quoi donner le tournis, deux mois après avoir installé le PS comme le partenaire privilégié de l'exécutif et négocié avec lui les conditions d’une non-censure. Est-ce l’hybris d’un homme blessé par le dépôt, par un parti censé être de mèche, d’une motion susceptible de le renverser ? À tout le moins, c’est le témoin de l’état d’esprit d’un premier ministre qui, à défaut de disposer de la confiance de l’Assemblée nationale, bénéficie de la seule qui ne l'ait jamais quitté : la sienne.

À Matignon, c’est comme si la semaine qui vient de s’écouler avait subitement dégagé l’horizon. Après le budget de l’État, celui de la Sécurité sociale pour l’année 2025 a été définitivement adopté le 17 février. Deux jours plus tard, c’est la sixième motion de censure de l’hiver qui échouaït au Palais-Bourbon. Sur l’affaire Bétharram, François Bayrou est persuadé d’avoir réussi un double coup politique en s’affichant aux côtés de victimes puis en lançant un contre-feu visant le gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002).

Dans son ascension de l'Himalaya, comme il a décrit sa tâche à Matignon, le chef du gouvernement pense avoir franchi quelques sommets de taille. De quoi s’autoriser à voir plus loin : l'été, la fin de l’année, la fin du quinquennat... et l'élection présidentielle de 2027, à laquelle il espère concourir. Dès lors, sa feuille de route est simple à décliner : durer, durer, durer. Denrée rare de l’époque, la stabilité devient un marqueur politique, une manière de se distinguer dans le marigot des ambitions.

Signe que le climat a changé, la perspective de nouvelles élections législatives anticipées est passée au second plan dans les discussions de couloir et les analyses des uns et des autres. « J'étais sûre qu’il y en aurait une cet été et, désormais, je n’y crois plus », glisse par exemple une ministre, persuadée que l'accord noué avec les socialistes sur le budget « change considérablement la donne ».

Le congrès du PS en tête

Si François Bayrou s’est permis de « maltraiter » ainsi le PS, selon la formule de Jean-Luc Mélenchon, c’est parce qu’il considère qu’il peut se le permettre. Autrement dit, que le PS a perdu son pouvoir de dissuasion, malgré les menaces qu’il agite semaine après semaine. Après avoir construit sa stratégie des derniers mois sur la démarcation avec La France insoumise (LFI), revenir à une position de censure serait périlleux pour le parti à la rose, estime-t-on à Matignon.

« Si Bayrou tombe, on va tout droit à la dissolution, souligne un dirigeant de la coalition au pouvoir. Et le PS n’en a aucune envie. » Encore moins depuis que tout le monde a compris que la réforme du mode de scrutin n’interviendra pas dans les prochains mois : instaurer la proportionnelle aux élections législatives aurait rendu, pour le PS, le retour aux urnes moins dangereux. Sans cela, une dissolution, alors que la possibilité d’une large union de la gauche paraît lointaine, pourrait faire perdre aux socialistes des dizaines de sièges, jusqu’à menacer l'existence même de leur groupe.

Vieux routier de la vie politique, François Bayrou a parfaitement saisi les enjeux qui traversent ces temps-ci les rangs socialistes. Il sait que le PS à un congrès du 13 au 15 juin ; il sait qu’Olivier Faure est vivement contesté en interne ; il sait que François Hollande, avec qui il discute régulièrement, œuvre en coulisses pour reprendre - directement ou non - les clés du parti.

C’est à cette aune qu’il faut comprendre son discours du 19 février : pour le chef du gouvernement, attaquer bille en tête le premier secrétaire du PS revient à l'affaiblir, en donnant du grain à moudre à ceux qui dans ses rangs (comme François Hollande) ne souhaitaient pas que le parti dépose cette motion de censure. Voir le congrès remporté, en juin, par l’aile sociale-démocrate du parti serait assurément une bonne nouvelle pour l’exécutif.

Enfin, l'influence croissante de l’ancien président de la République sur le groupe PS affaiblit d'autant plus les menaces de censure formulées par Olivier Faure. « Même s’il décidait d'appuyer sur le bouton, une bonne partie du groupe ne le suivrait pas », pense un proche de François Bayrou. D'où le faible intérêt que voit ce

dernier à mettre en scène son entente avec le PS, dont il estime par ailleurs qu’elle renforcerait Olivier Faure.

Le pas de deux avec le RN

En revanche, un autre danger guette l'exécutif : celui du Rassemblement national (RN), dont le pouvoir de nuisance est revenu à l’agenda. « On s’en méfie beaucoup, raconte le même proche. On a des antennes chez eux mais elles ne servent à rien. Un nous dit : “T’inquiète, c’est bon, on ne votera pas la censure”; deux heures après, un autre nous dit l'inverse. Avec eux, on n’a vraiment aucune certitude. »

Dans le camp présidentiel, personne n’a oublié les concessions multiples accordées par Michel Barnier au RN, jusqu’à ce que le parti d’extrême droite décide de changer d’avis et de le renverser début décembre. À Matignon, on a fait les calculs : si le mouvement de Marine Le Pen se joint à une motion de censure de gauche, il pourrait suffire de vingt-trois député-es PS (un tiers du groupe) pour faire tomber le gouvernement.

D'où l’intérêt de ménager le RN sans le dire trop fort. Au cabinet de François Bayrou, la moindre demande des parlementaires d’extrême droite est traitée avec les formes. À la mort de Jean-Marie Le Pen, le premier ministre a salué la mémoire d’un « combattant » et le gouvernement a dépêché un représentant à ses obsèques. Au sujet de la décision de justice qui pourrait rendre Marine Le Pen inéligible le 31 mars, il a redit fin janvier sur LCI qu’il trouve « très dérangeant » le principe d'exécution provisoire de la peine, pourtant consacré par la loi.

Le maintien en poste de Bruno Retailleau répondait au même objectif : anesthésier l'extrême droite en installant ses thèmes, ses mots et ses idées dans le paysage. Depuis, c’est un florilège : le « sentiment de submersion » migratoire, les saillies sur les familles d'étrangers dans un village pyrénéen ou sur le camarade africain de François Bayrou... Et ce ne sont pas que des mots : le gouvernement a soutenu la remise en cause du droit du sol à Mayotte et a ouvert la porte à un élargissement du débat à l’ensemble du territoire national.

Le ministre de l’intérieur, souvent rejoint par son collègue de la justice, traduit en actes ce qu’a impulsé le premier ministre en mots : une convergence croissante des points de vue entre la droite et l'extrême droite, la conviction partagée que les sujets migratoires doivent occuper le haut de l’agenda et les mêmes obsessions, ravivées à longueur d’interviews. « On a un ambassadeur au gouvernement », s’amusait Laurent Jacobelli, le porte-parole du RN, en parlant de Bruno Retailleau, jeudi sur France Info.

Reste un dernier volet de la méthode Bayrou, pas le moins important : le ralentissement de la vie politique. Le président du MoDem considère que le temps joue en sa faveur et voit les oppositions engoncées dans leur propre calendrier : un congrès fratricide en mai pour le parti Les Républicains (LR) et en juin pour le PS, un couperet judiciaire pour le RN... « On a tous acté que 2025 serait une année un peu creuse », glisse une députée Ensemble pour la République (EPR).

« On en est réduits à lire l’horoscope tous les matins et à se demander “Et maintenant, on fait quoi?” »

Un dirigeant du socle commun

Édouard Philippe, le président d’Horizons, est même allé un cran plus loin, le 26 janvier en meeting à Bordeaux (Gironde). « Nous ne ferons rien de décisif dans les deux ans qui viennent », a déclaré le candidat à la présidentielle. François Bayrou lui a répondu que « l’idée selon laquelle Jils étaient] condamnés à l'impuissance » lui paraissait « antinationale ». Mais c’est la forme qui a gêné le gouvernement car, sur Le fond, personne n’en doute.

Tous les mardis, au petit-déjeuner des dirigeants du « socle commun », plusieurs participants ont pris l'habitude de presser François Bayrou de questions sur la suite. « On en est réduits à lire l’horoscope tous les matins et à se demander “Et maintenant, on fait quoi ?” », peste l’un d’eux. Mardi dernier, le premier ministre a fini par en dire un peu plus, au moins sur le calendrier parlementaire.

Reporter les sujets clivants à après-demain

Objet d’une bataille sourde mais vive en interne, le créneau parlementaire de la mi-mars a été dédié à la loi sur Le narcotrafic, chère à Bruno Retailleau. Celle sur le mode de scrutin municipal à Paris, Lyon (Rhône) et Marseille (Bouches-du-Rhône) suivra. Au mois de mai seront examinés les deux projets de loi sur la fin de vie : l’un sur les soins palliatifs, l’autre sur les dispositifs d’aide active à mourir. Le tout entrecoupé d’un texte sur le statut de l’élu, d’une loi simplification et de fenêtres dédiées aux oppositions.

Rien de suffisamment clivant pour permettre à l’opposition de censurer, espère Matignon. Les textes plus sensibles sur le plan politique, comme la réforme de l’audiovisuel public, la proportionnelle ou la loi immigration qu’espérait un temps Bruno Retailleau, ont été repoussés aux calendes grecques, voire annulés. « 1} essaie d’éroder tout ce qui dépasse, tout ce qui peut être urticant, constate un cadre de la coalition. Même les conneries sur les autoentrepreneurs ou les cancers pédiatriques, il a reculé immédiatement. »

Pas question d’enflammer le débat ; l'heure est aux concertations, aux débats... bref, à tout ce qui donne du temps. Sur les retraites, l’exécutif a donné rendez-vous en juin ; officiellement pour laisser aux partenaires sociaux tout le temps de trouver un accord. « Et s’ils y arrivent, bon courage à la gauche si elle veut censurer le gouvernement sur la base d’un accord issu du dialogue social », raille-t-on à Matignon.

Le débat sur l'identité nationale, promis mais pas encore formalisé, fait office de pendant droitier du « conclave » sur les retraites : une manière, là encore, de gagner du temps et de tenter de prendre au piège le RN. Plus globalement, tous les jeudis, François Bayrou convoque des ministres aux aurores pour des réunions thématiques dont personne ne comprend bien le débouché. Et il a entrepris, comme beaucoup de ses prédécesseurs, une grande réforme du fonctionnement de l’État ; une manière, là encore, de se projeter dans le moyen terme.

Un proche de François Bayrou jette un œil sur le calendrier : « Si on ajoute les vacances et les ponts, les prochains mois vont aller vite. Et à la rentrée, tout le monde aura le nez dans la campagne des municipales. » Un remake politique de la réplique de Michel Blanc dans Les Bronzés font du ski : « On ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher. »

llyes Ramdani

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Pas forcément que des camarades autour d'Élucid, mais la vidéo en elle-même est 100% camarade.

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Juste par curiosité.

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